L’ardeur et la douloureuse douceur

Pourquoi la poésie ? Parce qu’elle fait vivre plus haut.

Je n’avais que Louise Labé en tête pendant le Printemps des poètes. Il en vint d’autres bien sûr.
Et puis un thème est déclinable à l’infini : le froid brûle aussi.
Juste séparés par une étoile, Louise Labé et Salah Al Ahmdani

 

Je vis, je meurs ; je me brûle et me noie

Je vis, je meurs ; je me brûle et me noie ;
J’ai chaud extrême en endurant froidure :
La vie m’est et trop molle et trop dure.
J’ai grands ennuis entremêlés de joie.

Tout à un coup je ris et je larmoie,
Et en plaisir maint grief tourment j’endure ;
Mon bien s’en va, et à jamais il dure ;
Tout en un coup je sèche et je verdoie.

Ainsi Amour inconstamment me mène ;
Et, quand je pense avoir plus de douleur,
Sans y penser je me trouve hors de peine.

Puis, quand je crois ma joie être certaine,
Et être au haut de mon désiré heur,
Il me remet en mon premier malheur.

*

Ma nuit creuse dans le nuage d’un souffle
aspire le corps du matin
et attise des braises dans l’argile d’un charnier
Pendant que j’écoute la pluie
mon esprit élabore un plan pour salir l’aube des assassins
Extraits de Saisons d’argile  – Salah Al Hamdani – Éditions Al Manar, Paris 2011

Voilà, pour moi, les brandons des mots. Et le café d’en face.

Le café d’en face
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